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dimanche 26 février 2012

Réforme Electorale et Réforme Constitutionnelle - Les orientations du Rassemblement des Mauriciens Démocrates (RMD)


Réforme Electorale et Réforme Constitutionnelle

Les orientations du Rassemblement des Mauriciens Démocrates (RMD)

Résumé

Préambule
Tous les projets soumis jusqu’ici sur la question de la réforme électorale se limitent seulement à l’examen du mode de scrutin. 
Le RMD est d’avis qu’une réforme électorale englobe de nombreuses autres considérations qui ne peuvent être ignorées ou passées sous silence. Faute de quoi, la prétendue réforme ne viendrait rien corriger des conséquences de « la Conspiration de Lancaster House », c.à.d. les éléments convenus lors des pourparlers de septembre 1965 entre les représentants politiques mauriciens et le pouvoir colonial britannique. 
Au nombre de ces conséquences, il y a : 
1. Le démantèlement du territoire mauricien avec notamment l’excision de l’archipel des Chagos et le déplacement de sa population ; 
2. L’introduction du Best Loser System qui institue, par le biais d’une dérogation constitutionnelle – notamment  la Première Cédule de la Constitution – une  forme de représentation communautariste sur la base d’une catégorisation différenciée et par conséquent discriminatoire.
3. Le non-respect de l’expression majoritaire de la population rodriguaise en faveur de l’annexion à la Grande Bretagne dans le cadre du leurre faisant passer les élections législatives de 1968 pour un référendum où il était question d’être pour ou contre l’indépendance de Maurice. 
Les trois éléments susmentionnés sont contraires aux déclarations 5, 6 et 7 de la Résolution 1514 des Nations Unies qui avait été votée cinq ans plus tôt, plus précisément le 14 décembre 1960, et qui pose les conditions sur « l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux ». 
Par conséquent, le RMD considère que tout projet de réforme électorale devrait avoir pour objectif de corriger les conséquences de « La Conspiration de Lancaster House ». 
Par ailleurs, tout projet de réforme électorale ne peut faire abstraction des autres considérations suivantes qui sont des éléments essentiels à l’existence d’un Etat Démocratique : 
  1. La représentation effective de la population dans le cadre de l’inclusion réelle, effective et équitable de l’ensemble des peuples autochtones qui la constituent sur ses différents territoires ; 
  2. La définition du territoire national et les logiques de découpage des circonscriptions ; 
  3. La durée des mandats électifs ainsi que le nombre de mandats à certaines fonctions ministérielles.  

Les prescriptions du RMD
  • Abrogation de la Première Cédule de la Constitution
    • Elimination du Best Loser System en vue de se conformer à la déclaration 5 de la Résolution 1540 des Nations Unies prévoyant des « vœux librement exprimés, sans aucune distinction de race, de croyance ou de couleur, afin de permettre de jouir d'une indépendance et d'une liberté complètes »
  • Etablissement d’un système de Gouvernement Fédéral
    • Le respect de l’intégrité territoriale, conformément aux déclarations 5 et 6 de la Résolution 1514 de l’ONU, requiert une représentation équitable des peuples autochtones du territoire mauricien, en l’occurrence les peuples de Rodrigues, des Chagos et d’Agaléga. 
    • Le principe repose sur le fait que la destinée de ces peuples ne peut être déterminée unilatéralement par le gouvernement métropolitain. 
  • Etablissement d’un système bicaméral
    • Le fonctionnement d’un Gouvernement Fédéral repose sur l’établissement d’un système bicaméral avec d’un côté des Parlements Nationaux pour Maurice, Rodrigues, Agaléga et les Chagos et d’autre part, un Conseil Fédéral constitué de représentants des divers peuples autochtones de la République Fédérale de Maurice. C’est le nombre de représentants  nécessaires au bon fonctionnement des deux chambres qui doit ensuite faire l’objet de discussions. 
    • La reconnaissance d’un gouvernement Chagossien entraine ipso facto une obligation pour la Communauté internationale à reconnaitre que ce gouvernement est privé de ses droits d’administrer son territoire en raison de son exil forcé et de son territoire occupé. 
    • Elimination au sein du gouvernement de la métropole mauricienne du poste de ministre de Rodrigues et des Iles afin de garantir l’autonomie totale des assemblées nationales et mettre un terme au néocolonialisme instauré dans le cadre de l’octroi de l’indépendance selon les modalités établies par « La Conspiration de Lancaster House ». 
    • Le système bicaméral n’est pas nouveau dans le système mauricien : la formule d’un Conseil du Gouvernement et celui d’un Conseil Executif a existé autant sous le système francais que sous le système anglais. Le système était toujours de vigueur après la Deuxième Guerre et jusqu’à l’instauration du gouvernement autonome dirigé par Seewoosagur Ramgoolam jusqu’à l’accession du pays au statut d’Etat indépendant. 
  • Election des Représentants au Conseil Fédéral à partir de la liste des partis
    • Tous les partis, représentés ou non dans un des Parlements nationaux, sont habilités à proposer une liste bloquée de candidats aux élections pour le Conseil Fédéral. 
  • Désignation des Sénateurs au Conseil Fédéral
    • Le Conseil Fédéral comporte un certain nombre de Sénateurs, qui seront des personnalités désignées par les gouvernements nationaux et considérées aptes à constituer le Conseil Constitutionnel qui avalisera les législations passées par les différents gouvernements nationaux.
    • Le Président de la République n’est plus seul à avaliser les décisions des législateurs. Après avoir entendu les représentants du Conseil Fédéral, les  Sénateurs entérinent
  • Limitation du nombre de mandats des Ministres du Gouvernement, du Premier ministre, des Représentants et des Sénateurs ainsi que du Président de la République.
    • La limitation du nombre de mandats aux fonctions ministérielles et aux plus hautes fonctions est essentielle pour éviter toute dérive vers la dictature ou quelque forme de monarchie. 
    • Les mandats du Président de la République et celui du Premier ministre devraient être limités à deux. Dans la mesure où ils ne sont pas élus mais désignés, les Sénateurs effectuent un seul mandat – Un Sénateur ne peut par la suite se présenter comme candidat au conseil législatif. Les ministres ne peuvent effectuer plus de deux mandats successifs – Après deux mandats, un ministre ne peut se présenter qu’une seule fois à la députation mais ne pourra être sollicité pour une fonction ministérielle. Les représentants au Conseil Fédéral ne peuvent y effectuer plus de deux mandats.
  • Redéfinition des Administrations Locales pour l’établissement de Conseils Régionaux 
    • Les Administrations Locales doivent être redéfinies dans le but de mettre un terme à la disparité villes-villages. 
    • Dans ce contexte il est proposé qu’il y ait seulement des Conseils Régionaux comprenant aussi bien des villes que des villages. Les Conseils Régionaux doivent pouvoir gérer la dynamique entre les zones rurales et urbaines surtout dans la perspective de l’intégration de nouvelles agglomérations qui disposent de leurs propres mobiliers urbains et qui créent de l’activité économique dans leurs régions. 
  • Redéfinition des Administrations Locales pour l’établissement des Mairies
    • Aucune différence ne devrait être faite entre villes et villages. Les mairies doivent être établies en fonction du nombre d’un nombre établi d’habitants par agglomération ou concentration géographique.




lundi 20 février 2012

Échec scolaire:Les lâchetés… avec mention !


ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN |  | PAR JOËL TOUSSAINT


Voici donc le temps des fêtes. Avec les résultats du CPE, certains enfants auront le sentiment d'avoir mérité autant leurs cadeaux que la place dans l'établissement tant convoité par leurs parents. Les autres en seront encore à se remettre de leur déception et nombre d'entre eux s'adaptent aux regards de ceux qui ne voient plus leurs capacités créatrices et, encore moins, le potentiel d'une Nation…
Ils sont nombreux ceux-là, certes, à se remettre du KO infligé par le système, mais tous ne se laissent pas faire. Il convient de considérer ce que font par la suite ceux qui furent voués à l'échec pour prendre la juste mesure de ce que fait l'école : Biswanee vend des paréos aux touristes. Ti-Roland leur vend toutes sortes de babioles et en tripote même quelques-unes, ravies d'ajouter une part de sensualité exotique au monoï de la crème solaire. Biswanee et Ti-Roland ont tous deux échoué au CPE et n'ont aucune formation formelle au tourisme. Comment alors expliquer que tous les deux s'expriment avec aisance non seulement en Français et en Anglais, mais aussi en Allemand, en Italien et en Russe ! Ti-Roland s'intéresse même au Mandarin depuis qu'il a appris qu'Air Mauritius entend développer le marché chinois et que Reshad, son fournisseur – un autre recalé du CPE ! – lui ait proposé de se joindre à la prochaine expédition à Shanghai d'un groupe de marchands de rues (comme par hasard, tous des recalés du CPE !).
Les polyglottes mauriciens sont légion. De temps en temps un journaliste s'émerveillera de la débrouillardise d'un individu un peu plus entreprenant que d'autres ; ceux dont on dit qu'il a réussi et que c'est exceptionnel… parce qu'on ne va quand même pas admettre que l'exception, c'est qu'on ne les attendait pas à l'arrivée ! Tout le déterminisme social se résume dans certaines célébrations de la réussite ; il s'agit de ces célébrations qui entretiennent la cécité aux inégalités et qui maintiennent, voire renforcent, les structures de la reproduction sociale.
Tous les Biswanee, les Ti-Roland et les Reshad sont, en fait, les témoins d'un procès que l'on se refuse d'instruire contre le système éducatif. Les compétences linguistiques et relationnelles de ces autodidactes, leur sens de l'entrepreneuriat, de l'investissement et de la gestion, devraient forcer à l'humilité tous ceux qui se bardent de leur MBA comme faire-valoir de quelque compétence en management. En fait, n'ayons pas peur de la vérité ;  ces belles histoires de débrouillardise démontrent une seule et même chose : la faillite de l'école !
Accuser les ministres de l'Education, toutes formations confondues, d'avoir autorisé sur plusieurs décennies des épreuves qui n'ont d'autres fonctions que de légitimer la réussite d'une élite, est une mission de santé morale. De même qu'il convient de dénoncer tous ces pédagogues qui ont abdiqué de la noblesse de leur vocation en se taisant face au jeu de massacre. De même aussi qu'il convient d'accuser les syndicats d'enseignants qui défendent bec et ongles leurs « droits acquis » au détriment des enfants dont la charge leur fut confiée. Si tant est qu'ils soient des professionnels de l'enseignement, ils sont plongés dans la pratique honteuse de ces leçons dites particulières ; pratique qui, en réalité, est une véritable pièce à charge car elle démontre le non-respect des processus cognitifs des jeunes apprenants. Il y a même à s'interroger sur le rôle de l'Ombudsperson responsable du respect des droits de l'enfant quand, en dépit de sa tutelle, autant d'enfants sont envoyés au casse-pipes et que son office se dispense d'interroger les responsables de ces usines de destruction massive que sont devenues les écoles. La faillite de l'école mauricienne est faite de la somme de toutes ces lâchetés.
Paradoxalement, cette faillite se poursuit parce que les lâches savent pouvoir impunément abuser de la crédulité de leurs victimes. Ces derniers croient, en effet, que ceux qui réussissent ont davantage de mérite. Il y a ces parents aux croyances superstitieuses qui prêtent foi aux vertus miraculeux de certains enseignants ou de certains établissements étoilés… Un vrai marché de dupes. Pour s'en rendre compte, il suffit de prendre une poignée de ceux issus de ces « star schools » et de les exposer aux rudes conditions du quotidien des miséreux des zones d'éducation prioritaire. On se rendrait vite compte de l'inaptitude de cette élite – et cela se traduit ensuite dans le monde professionnel – à élaborer des stratégies de survie, de l'innovation permanente, des initiatives créatrices, des trésors de débrouillardise et surtout, le maintien de sa dignité, ce qui fait que justement l'on refuse de se comporter comme un lâche…
Mon cadeau à ceux dont on dit qu'ils ont échoué, c'est de leur avouer que j'ai connu le goût de la misère et de l'échec autant que l'on a célébré mes « réussites ». Et si ce statut m'autorise un conseil, c'est celui de ne jamais baisser les yeux et de toujours toiser ses bourreaux. Je dis à ceux de ma condition que ceux qui participent à leur échec ne méritent que leur mépris. En attendant qu'ils daignent s'élever à cette dignité qui fait notre réelle distinction…

AZIR MORIS – COUP DE BALAI “FATAK”: Lettre ouverte à… Jameel Wrezinski


ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN |  | PAR JOËL TOUSSAINT




Mon cher Jameel,
A l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, avec tes amis d’Azir Moris vous avez fait montre de courage en vous présentant avec vos balais devant le Parlement. Il s’agit d’un choix qui vient donner du relief aux actions entreprises précédemment. Tu as mon soutien entier et total car, de même que je fis le choix d’aller seul devant la statue de SSR le 12 mars dernier pour que cette place soit désormais connue comme la « Place de la Honte », de même avec Azir Moris tu t’en prends au symbole de notre démocratie, ce parlement où les élus ont depuis trop longtemps abdiqué de leurs responsabilités de législateurs.
Les parlementaires mauriciens auront beau gloser pour tenter une distinction entre la pauvreté relative et la pauvreté absolue qu’il n’en demeurera pas moins vrai que la pauvreté est un fait et que cela relève de leur fait. Je les entends déjà, tentant de se disculper, présenter la pauvreté comme ces coups du sort qui s’abattent sur les individus et comment ils seraient désireux eux aussi de se montrer davantage charitables envers les démunis. Et c’est à ce niveau que leurs discours sonnent creux, autant que leurs actions vaines, tant ils sont éloignés de leurs responsabilités véritables en tant que législateurs.
Lois dépourvues de justice
Comme toi pour les images, j’ai la passion des mots car ils mettent en lumière ce que tant d’entre nous ne parviennent pas à exprimer. Ce qu’il convient de mettre en lumière c’est ce lien organique entre la législature et la pauvreté. Il convient d’établir les preuves de la culpabilité de nos parlementaires et que ces preuves soient intelligibles pour tous. Vois-tu cher ami, en consentant à la députation, un parlementaire accède à une fonction honorable : celle d’édicter des lois. J’aime les lois et, j’en suis convaincu, nos concitoyens sont tous aussi désireux de les respecter. Mais dans quelle mesure ces lois sont-elles respectueuses de ce que nous sommes et de ce que nous voulons que nos enfants soient ? Dans quelle mesure les lois votées au parlement contribuent à la justice en déclinant des droits égaux et des responsabilités équitables ?
C’est parce que nos lois sont dépourvues de justice que la misère s’est installée rendant les faibles encore plus vulnérables. C’est parce que nos lois sont dépourvues de justice que la pauvreté s’est instaurée de manière durable, qu’elle est aujourd’hui structurelle puisque structurée. Et quand les lois sont ainsi faites, et qu’elles soient votées à la majorité partisane plutôt qu’à la maturité législative, nous n’avons que des élus qui aboient « Aye » ou « Nay » aux ordres de leurs maîtres. Et la députation n’a alors plus rien d’honorable.
Pour ceux qui ont encore du mal à concevoir que des lois puissent être injustes, faisons un effort de pédagogie pour démontrer ces structures qui produisent de la pauvreté durable :
Au sein même de notre Constitution, depuis l’indépendance, nos législateurs ont consenti à une dérogation, cette Première Cédule qui catégorise ceux qui aspirent à représenter notre population sur des critères aussi absurdes qu’inégaux. C’est la pauvreté suprême, celle qui rend notre législature dépendante des chefs de clans qui exigent leur quote-part de faveurs et de passe-droits, au détriment donc de ceux qui pouvaient légitimement aspirer à des fonctions où leurs compétences auraient davantage profité au pays.
La représentation législative différenciée ou inexistante selon que l’on soit un Mauricien de la métropole ou issu de la population de nos îles : outre le déplacement de la population des Chagos, crime contre l’humanité réalisé avec le consentement complice du gouvernement de SSR, les gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance ont entretenu le silence sur la migration économique des Rodriguais vers la métropole mauricienne. Plus de 60% des natifs rodriguais vivent aujourd’hui hors de leur territoire et la plupart d’entre eux se retrouvent en situation d’extrême précarité, les adultes exploités dans des conditions quasi serviles et leurs enfants exposés aux sévices de multiples pervers. Et quid de ces mères d’Agalega qui sont obligées d’accoucher en métropole mauricienne, sous couvert d’une prétendue charité du gouvernement mauricien, et qui, en outre, doivent consentir à la douleur de la séparation de leurs enfants à onze ans pour que ceux-ci bénéficient d’une scolarité qui ne leur sert à grand-chose car ils seront assujettis aux agents que la métropole délègue en terre occupée. Avons-nous jamais vu s’élever un député pour s’opposer au « néocolonialisme » mauricien ?
Les combinaisons d’alliances qui pervertissent le jeu démocratique et assurent la pérennité d’un totalitarisme non-assumé. Ici l’Opposition, plutôt que de s’opposer aux législations injustes, négocie en vue de faire partie du gouvernement en proposant la formule divisionniste la plus acceptable par la population rendue dépendante des équations identitaires.
« Kapitalis – souser disan ! »
Un système éducatif qui assure la reproduction des groupes dominants, et surtout, produit de l’échec scolaire à grande échelle. L’échec scolaire devient alors un moyen d’exercer une nouvelle discrimination par la suite sur le marché du travail.
Le piège idéologique où d’un côté on encourage la débrouillardise et l’entrepreneuriat et que dès que tu entreprends tu passes pour un « kapitalis – souser disan ! » que les fonctionnaires ont pour seule mission de prélever. Et au terme de la basse besogne, à chaque échéance électorale, certains racketteraient eux-mêmes des montants non-déclarés pour faire campagne. Que ne se sont-ils déculottés, les chantres de la bonne gouvernance ?
On pourrait, cher Jameel, peupler cette liste ad nauseam en sortant du structurel pour s’inscrire dans la phénoménologie, mais ce serait abuser de ces colonnes hospitalières. Il t’importe de comprendre pourquoi j’ai pris cette liberté par rapport à ton nom. C’est tout simplement pour que l’on tienne compte de l’authenticité de ton approche. Alors que tu cites Mère Teresa sur ta page Facebook, tu t’es véritablement inscrit, en fait, dans la filiation de Joseph Wrezinski. C’est à ce prêtre polonais que l’on doit la reconnaissance de la pauvreté par les Nations unies comme une violation des Droits de l’Homme. C’est le 17 octobre 1987 qu’il inaugure cette dalle scellée au Trocadéro sur laquelle tu peux lire : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »
Le combat contre la pauvreté, cher Jameel, ne s’arrête pas à l’acte de charité. Tu as franchi le pas pour réaliser toi-même et faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes qu’il va bien au-delà et requiert que l’on s’engage dans les voies de l’affrontement politique en vue de la reconnaissance des droits. Car, quand nos législateurs sont incapables de les assurer, ils méritent, tous autant qu’ils sont… du balai !

L’ÉTAT DE NOS RÊVES: Photo souvenir et images d’avenir…

ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN |  | PAR JOËL TOUSSAINT
Il y a ceux qui, après ma première contribution à la page Forum du Mauricien, m’ont demandé de préciser ce que j’entends par une « nouvelle grille de lecture » de la situation politique à Maurice. Le temps est arrivé pour qu’une telle explication ne paraisse aucunement compliquée et qu’elle soit accessible au plus grand nombre.
Quand déjà à l’époque de la dernière campagne électorale, je prédisais « L’Alliance du Souvenir » et« L’Alliance Mal-au-Cœur », nombreux étaient ceux qui estimaient qu’il n’y avait aucune voie possible hors du trio des divisionnistes associés, PTR/MMM/MSM. Ces formations sont, en effet, parvenus à draper leurs unions obscènes du manteau de la Constitution qui érige en vertu la dérogation discriminatoire fondée sur l’entretien des peurs identitaires. Certains commentateurs politiques évoquaient ainsi une « troisième voie » comme alternative à cette situation politique qui relève, en réalité, d’un monopole de ce que je nomme « Le Cartel des Gauches ».
Cette fameuse « troisième voie » n’est qu’une vue de l’esprit, adoptée avec complaisance par une intelligentsia embourgeoisée trop contente de s’y engouffrer pour taire sa couardise. Or, il ne faut pas tant de courage et encore moins de bon sens pour questionner ce système dont les contours mafieux ne sont même pas gardés sous silence. Pourquoi l’omerta, alors que les pratiques déviantes sont connues de tous ? L’achat des votes en échange de molletons, de “tempos”, de portables, de faveurs consenties pour des postes dans la fonction publique et de contrats de marché public : ne sont-ce pas là les pratiques des parrains de la Camorra, la pègre napolitaine ? Alors, trêve de balivernes.
Modèle féodal
La situation politique à Maurice est BI-POLAIRE. En effet, on se retrouve aujourd’hui avec d’un côté les CONSERVATEURS et de l’autre côté les DÉMOCRATES. Les Conservateurs sont ceux qui détiennent les privilèges issus du legs colonial ; autant ceux issus de son administration publique que ceux du protectorat financier/économique qui, avec la constitution des dynasties politiques, sont devenues avec elles et par elles, une caste dominante. Il faut l’admettre : le modèle est féodal ; le monde politique mauricien reste médiéval. De même que ceux des secteurs financiers et administratifs usent et abusent des procédures pour renforcer leurs privilèges, de même ceux des organisations politiques traditionnelles entendent introduire de nouvelles procédures pour pérenniser leur mainmise sur les structures démocratiques, quitte à les pervertir pour que leurs représentants se retrouvent encore et toujours au Parlement. Et cela, quand bien même que l’électorat refuserait de les y renvoyer !
Partant de cette équation, on réalise que la députation issue de ces alliances consanguines introduit au Parlement des tares qui viennent vicier le processus démocratique. Pourquoi, par exemple, s’étonner des transfuges quand on sait que cette consanguinité y prédispose ? Les euphémismes des cyniques ou les cris de vierges effarouchées ne sont que des expressions folkloriques qui cachent la source du mal. Ce n’est pas en jouant à l’autruche que l’on parviendra à assainir la situation politique qui n’a que trop longtemps prévalu.
C’est à partir d’une telle grille de lecture que l’on prend également la mesure de l’appel récemment lancé par Jameel Peerally pour que les jeunes manifestent pacifiquement pour s’opposer à la fois au silence qu’on leur impose qu’aux clichés qu’on leur appose. Jameel, l’homme d’image, est en passe de réaliser un portrait inédit de la société mauricienne : une image qui montre à la fois une fracture sociale et une rupture politique et en même temps une image qui exprime des rêves d’une société plus juste et équitable. Sur Facebook, la hardiesse des expressions juvéniles contraste avec le doute des pleutres et les diversions des infiltrés des partis traditionnels. Comme autrefois dans les chambres noires, on voit l’image peu à peu prendre forme dans le bain du révélateur. On y découvre des jeunes qui ne correspondent aucunement à la propagande qui veut qu’ils soient sans conscience politique, assujettis aux plaisirs éphémères des motos et autres gadgets électroniques. Paradoxalement, leur rêve à eux, c’est de s’affranchir de ce système qui a fait de leurs parents des asservis, redevables sur des générations aux puissants qui ainsi se régénèrent. Et c’est sans doute pour cela que des moins jeunes se joignent à eux pour reprendre des rêves qu’ils ont sacrifiés sur l’autel des conventions et des convenances. Le 11 septembre, les démocrates de ce pays, à divers degrés de leur jeunesse, s’exposeront à la lumière et nous serons alors fixés… sur l’état de nos rêves.

Sous le signe de Janus



Au parlement mauricien, peut-on encore parler de faces cachées pour le personnel politique ? L'étalage des scandales n'aura dévoilé que facéties et volte-face, pour démontrer, comme s'il en était besoin, que les alliances entre ceux qui ont perdu la face se jouent lamentablement… à pile ou face !
Revoilà Janvier qui démarre le calendrier, rappel d'une tradition qui donne cette place à la figure mythologique de Janus, maître du temps qui use de sa double face pour voir autant le passé que l'avenir. Ce qu'il y a d'intéressant dans le symbole de Janus, c'est que ses deux faces présentent néanmoins un visage unique pour exprimer la notion de permanence. Nous sommes loin de ces représentations de « Docteur Jekyll et M. Hyde ». Dans la civilisation romaine, la divinité symbolisait les commencements et les passages. Avec Portunus, « dieu des portes » Janus est un introducteur qui préside à l'ouverture de l'année et… à la saison de la guerre. Il importe alors de déterminer de quel côté de la porte on se tient…
Bien de combats devront être menés pour pouvoir fermer les portes du Parlement à ceux qui y ont entretenu les règles du déshonneur : user du racisme pour s'y introduire et user du racisme pour s'y maintenir, en revient à perdre la face. Nulle excuse pour ceux qui ont abdiqué leur dignité. Le peuple en cela ne devrait se voiler la face. Ce ne sera guère facile. Mais je fais mienne, et j'offre aux Mauriciens indignés, cette phrase d'André Siegfried : « Notre enthousiasme, c'est le fanatisme d'en face. »

Inconséquences politiques: La réforme du… régime totalitaire !

ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN |  | PAR JOËL TOUSSAINT

Les responsables politiques du PTR, du MMM et du MSM se consultent au sujet d’une prétendue réforme électorale. Or, ce qu’il convient de réformer au plan électoral passe par une RÉFORME CONSTITUTIONNELLE que, même s’ils disposent ensemble de la MAJORITÉ ABSOLUE… ils se refusent à accomplir !
En ce moment, c’est le MMM qui assure le rôle de courroie de transmission entre le PTR et le MSM pour enclencher les discussions autour d’une prétendue réforme électorale. Qu’entendent-ils réformer au juste ? Les dirigeants de ces principales formations prétendent se soucier des conséquences d’une majorité écrasante qui, disent-ils, n’assureraient pas une juste représentation des minorités ethniques à Maurice. En dépit du fait que la population mauricienne n’est aujourd’hui qu’un assemblage historique de minorités qui se retrouvent, à la faveur des métissages génétiques et culturels, dans une même communauté de destin, les dirigeants des formations politiques traditionnelles voudraient néanmoins nous faire accroire qu’il existerait encore suffisamment d’éléments catégoriels pour établir la sous-représentation éventuelle d’une ou de plusieurs ethnies. Pour cela, – et c’est fondamental – il faudrait, en premier lieu que ces ethnies soient distinctes et également catégorisées ; de sorte que les éléments sociologiques servant à distinguer l’une d’elles servent également à catégoriser les autres. Je mets au défi l’ensemble des élus siégeant au Parlement d’y parvenir !
Serais-je téméraire ou inconscient ? Il n’en faut pas tant pour dénoncer cette vaste escroquerie intellectuelle. En effet, la Première Cédule de la Constitution n’établit même pas de catégorie ethnique au sens sociologique du terme ! Mieux encore : les critères de catégorisation constituent un ensemble tellement hétéroclite qu’ils forceraient même les meilleurs esprits de la Cour à abdiquer tant il leur est impossible de donner du sens là où les législateurs auraient promulgué du non-sens juridique. En clair, le caractère différencié des critères de catégorisation ethnique fait que la Première Cédule contrevient aux dispositions de l’article 16 de la Constitution qui protège les citoyens contre toute discrimination, mais cet appendice ne peut être considéré contraire à la Constitution… puisqu’il en fait partie !
En fait, les catégories usuelles des formations politiques traditionnelles sont issues des redécoupages opérés sur l’entretien de peurs identitaires et des faveurs accordées aux représentants emblématiques des groupes secondaires se retrouvant dans les catégories plus larges déterminées dans la Première Cédule de la Constitution. C’est ce qui est communément connu aujourd’hui sous le vocable « Communalisme scientifique ».
Aucune différence idéologique n’oppose les principales formations politiques siégeant au Parlement. Le Premier ministre l’a récemment démontré en évoquant les tractations qui ont habituellement cours lors des négociations d’alliances pré-électorales. Les deals entre ces entreprises électorales sont contractés sur la base des concessions (nombre de sièges et autres nominations de faveur) consenties de part et d’autre. Au-delà, il faut savoir que les trois formations politiques majeures sont tous trois membres de l’International Socialiste et que le PMSD qui se prévaut de la social-démocratie appartient donc au même courant de gauche. Le « Cartel des Gauches » auquel je faisais allusion dans un précédent billet publié dans la page Forum du Mauricien n’est pas qu’une vue de l’esprit. L’affiliation de ces formations politiques mauriciennes est un fait établi et, sous couvert d’élections législatives régulières, le système électoral a octroyé la légitimité requise à la succession de combinaisons d’alliances entre partis d’un même courant, fondant ainsi ce qu’on doit nommer un « régime TOTALITAIRE ».
Si la formule du « Cartel des Gauches » a bien fonctionné jusqu’ici, pourquoi diable leur faut-il réformer le système ? Même si les responsables politiques invoquent les conclusions du rapport d’Albie Sachs qui évoquent d’éventuels déséquilibres de représentation de minorités ethniques, aucun d’entre eux ne considère la nécessité de la réforme constitutionnelle. Cela n’est même pas à l’agenda de leurs consultations. Pourquoi ? La réponse se trouve dans l’approche Collendavelloo, notamment la nécessité de permettre aux partis de repêcher leurs leaders en cas de non-élection !
Le souci commun du « Cartel des Gauches » ne peut que favoriser sa capacité à élaborer la formule consensuelle garantissant ses intérêts communs. Quitte à ignorer, et voire même de pervertir, des considérations fondamentales. Les exemples sont multiples :-
•    Le maintien de la dérogation constitutionnelle de la Première Cédule comme structure de la proportionnelle souhaitée (car, même si les Law Lords pourraient donner raison à Rezistans ek Alternativ, ils ne seraient que les « koson » d’un jeu de dames (Grosjean comme devant) dans la mesure où les législateurs mauriciens sont souverains de leur Constitution).
•    L’insulte faite aux femmes, en leur garantissant un quota pour qu’elles participent à la pérennisation de la politique communale.
•    L’absence de considération pour une représentation plus juste des peuples des îles de la République qui, en fait, marque le maintien de la position néo-colonialiste de la métropole mauricienne, contraire aux dispositions onusiennes pour l’auto-détermination des peuples.
Ce ne sont là que quelques-unes des conséquences de la réforme électorale telle qu’envisagée par le « Cartel des Gauches » et qui n’est, somme toute, qu’une réforme de leur régime TOTALITAIRE. La dérive de ces partis aujourd’hui, c’est qu’ils entendent entériner un droit auto-octroyé pour imposer la présence au Parlement de leurs leaders qui ne seraient éventuellement pas plébiscités par l’électorat de leurs circonscriptions. Ainsi, quand bien même que le peuple voudrait éventuellement s’en débarrasser, leurs caciques voudraient pouvoir IMPOSER la longévité parlementaire de certains leaders entre autres responsables politiques issus du legs colonial !
Peut-on impunément tendre l’élastique qui retient les illusions d’un système démocratique ? La nature et l’actualité du moment nous apprennent ceci des macaques qui s’accrochent aux branches pour en accaparer seuls les feuilles : à force d’être provoqués, les éléphants mettent les arbres à bas…

INEPTIE SOCIOLOGIQUE ET JURIDIQUE: D’une assemblée indigne

ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN |  | PAR JOËL TOUSSAINT
Que l’avis du Privy Council soit favorable ou non aux représentants de Rezistans ek Alternativ, Maurice est un État souverain et il appartiendra donc à son Parlement de décider d’une éventuelle abrogation de la Première Cédule de la Constitution, qui fait obligation aux candidats aux législatives de se déclarer d’une des quatre communautés établies. Ce qu’on ne dit toutefois pas dans cette affaire c’est que l’exercice du droit démocratique à Maurice est soumis à la Contrainte Préalable – un « Prior Restraint ».
Que nos parlementaires s’abstiennent de commentaires sur la contestation par Rezistans ek Alternativ des dispositions de la Première Cédule de la Constitution, ne devrait pas nous étonner. Ils ont tous consenti, en effet, sur un ou plusieurs mandats, à se soumettre aux conditions d’une catégorisation des plus farfelues pour accéder à la députation. La formule de cette catégorisation constitue bien la plus belle ineptie sociologique et juridique jamais élaborée et qui a néanmoins trouvé place dans la Constitution d’un État. En effet, les critères sociologiques pour la définition des catégories de la Première Cédule ne sont pas les mêmes pour les différentes catégories : les hindous et les musulmans sont catégorisés en fonction de leurs croyances religieuses, les sino-mauriciens dont on pourrait supposer que ce serait en fonction de la nomenclature de leur pays de provenance et, finalement, la catégorie fourre-tout dite « population générale ».
Bien entendu, ces différences de critères dans la catégorisation constituent une discrimination flagrante, contraire à l’article 16 de la Constitution, mais dans la mesure où la Première Cédule fait partie de la Constitution elle ne pourrait donc être conçue comme étant anticonstitutionnelle. C’est ce qu’on appelle alors une « Dérogation Constitutionnelle ».
De cette indignité, aucun législateur, en plus de quarante ans d’indépendance, n’a osé proposer que l’on s’en défasse en présentant notamment une motion réclamant l’abrogation de cette disposition légale. Car, il constitue bien le fondement du système divisionniste qui a jusqu’ici permis aux héritiers du legs colonial de se retrouver invariablement au parlement, et selon leurs combinaisons d’alliances ou autres combines, soit au gouvernement ou dans l’opposition. L’objectif consistant à accéder à la députation, comme s’il était possible de se proclamer honorables membres d’une assemblée qui s’accommode de la disgrâce d’une catégorisation inique.
On ne s’étonnera pas non plus que l’Opposition omette même de s’interroger sur l’impartialité de la Commission électorale qui, avec ses responsables prenant partie pour le gouvernement, semble s’être compromis encore une fois quant à son devoir de neutralité. Encore une fois, car les officiers publics de cette commission assurent l’exercice de la discrimination fondée sur des critères de race ou de croyance religieuse, contrairement aux dispositions des alinéas 2 et 3 de l’article 16 de la Constitution qui garantit aux citoyens la protection contre de telles pratiques.
Pire encore, la Commission électorale assure aussi la défense d’un système qui, en réalité, pérennise la notion de Contrainte Préalable. De quoi parlons-nous ? Fut un temps où les citoyens de ce pays ne pouvaient exercer le droit de vote qu’en se qualifiant sur la base de leur occupation professionnelle ou de leur fortune. Avec l’évolution du système politique et l’élargissement du droit vers davantage de démocratie, les contraintes préalables disparaissaient tour à tour et ainsi, le niveau d’instruction scolaire ou même le genre n’était plus des facteurs discriminants. C’est dans l’acception du fait qu’il ne devait y avoir aucune contrainte préalable que le droit de vote et celui de la représentation populaire fut étendu à tous les citoyens indistinctement, les femmes étant les dernières à accéder à ce droit. Or, alors que tous les régimes démocratiques se distinguent par le fait de n’imposer aucune contrainte à l’exercice du droit de vote ou de pouvoir prétendre à la députation et que les vrais tribuns de ce pays ont abattu un à un les murs de la discrimination, Seewoosagur Ramgoolam, despote éclairé ou chef d’État obscurantiste, a choisi de doter ce pays d’un système de contrainte préalable.
Que personne au parlement ne s’étonne, on s’en fera une raison. Que personne ne s’indigne veut dire ce que cela veut dire. Toutefois, le citoyen mauricien que je suis entend faire dans la réciprocité aux propos méprisants de Me. Geoffrey Cox, Q.C., qui estimait devant les Law Lords du Privy Council que : “there is equality of treatment since all those nominated as candidates in a general election are treated in exactly the same way.” A ce sujet de monarque qui se montre aussi facétieux, je laisse deviner la facette de moi que je laisse à sa contemplation…

jeudi 16 février 2012

Le jeu des conservateurs
En s’en prenant seulement à la perversion électorale à Maurice, ceux qui entendent libérer la démocratie de ses entraves ont fait, en réalité, le jeu des conservateurs. Sans le retour à la perversion initiale, il est vain, sinon fallacieux, de prétendre corriger toutes celles qui en découlent. 
Les résultats de la démarche juridique entreprise par Rezistans ek Alternativ et Blok 104 étaient connues à l’avance : au gré de leurs convictions et de leur rigueur intellectuelle, les juges ne statuent qu’en droit ; il appartient aux législateurs d’édicter les lois qui traduisent leurs sens de la justice. Les juges ont fait, défait et bien fait ; jusqu’à s’en laver les mains !
Le fameux rapport Carcassone se résume à ceci : enlevez l’hydre raciste qu’est la Première Cédule de la vitrine constitutionnelle et emballez la monstruosité dans le cadre de vos arrangements de partis sectaires.  Ainsi, si l’on considère le bourbier dans lequel patauge aujourd’hui l’ensemble des partis conservateurs, en croyant se protéger derrière un âne, Ramgoolam aura récolté davantage que du vent…
Bérenger voudrait limiter le débat au cénacle des conservateurs. Quand on ne sait plus sur quel pied danser, il vaut mieux éviter les casse-pieds ! Quoi qu’il en soit, la réforme version Collendavelloo est laissée aux oubliettes – oui, celle qui devait apporter la légitimité féminine au maintien du communautarisme et qui, au final, assurait l’entrée des caciques des partis au parlement quand bien même que l’électorat leur en aura refusé l’accès. D’un côté, Bérenger fait appel maintenant au fantôme de Banwell et de l’autre il dépoussière la réforme version Sachs ; l’homme s’adonne à la valse-hésitation.
Des Rama à la rescousse, c’est Sithanen qui imprime maintenant la cadence ; mais, quoi qu’il eut pu faire, il n’aura accouché que d’un tango brouillon, deux pas en avant et autant en arrière. Le langage populaire procure une savoureuse traduction de la posture : « bouge fixe ». It takes two to tango et le peuple est devenu un partenaire rebelle…
Comment en est-on arrivé là ? Mine de rien et sans le vouloir, Blok 104 et Rezistans ek Alternativ ont procuré aux Conservateurs la partition où les mesures sont dorénavant calculés sur la seule thématique du Best Loser System (BLS). D’ailleurs, leur avocat, mon ami Rex Stephen, a eu l’honnêteté de reconnaitre dans une interview à Africa 24, qu’il ne s’agissait pas de changer le BLS, mais de questionner l’obligation de décliner une identité selon les critères établis comme contraintes préalables.  Or, ce n’est là qu’un symbole de l’escroquerie véritable perpétrée par la Perfide Albion, avec la complicité des responsables politiques locaux, et en particulier celui qu’elle jugea apte à assurer la succession de l’Administration Coloniale : Seewoosagur Ramgoolam. 
Pour rappel, le 12 mars 2011, j’ai choisi de braver seul les autorités de ce pays en abaissant le drapeau mauricien devant la statue de Seewoosagur Ramgoolam, érigé sur ce que j’ai baptisé la « Place de la Honte ». Oui, de ma part, tout ceci est réfléchi et calculé. C’est bien la légitimité de l’Etat mauricien que j’ai choisi de questionner. Et il est essentiel que la jeunesse de ce pays, et leurs ainés qui les rejoignent peu à peu au sein de la communauté des indignés, en fassent autant. Il est essentiel, à l’ensemble même de la population mauricienne, de réaliser qu’un Etat indépendant n’est souverain et légitime que dans la mesure où les conditions de sa constitution répondent aux critères qui autorisent son émancipation. Or, ces conditions ne s’y conformèrent pas en 1968. Elles ne s’y conforment toujours pas.